N'est pas mort ce qui à jamais dort ...

La Glossolalie

6 Mars 2012 , Rédigé par Kthullu Publié dans #Phénomène inéxpliqués

Le don des langues, ou glossolalie (du grec glôssa, « langue », et lalein, « parler »), est un phénomène religieux, de type mystique ou paranormal, qui fait que certaines personnes ont le pouvoir de s'exprimer de manière à être entendues et comprises dans une langue qu'elles n'ont pas apprise ou d'utiliser leur langue propre de telle sorte que les auditeurs en sont subjugués et comme envoûtés.

Ce phénomène, dont l'interprétation est controversée, se rencontre dans certains centres religieux de la Grèce antique et, jusqu'à l'époque présente, dans diverses religions primitives. L'Ancien Testament fait allusion à des discours extatiques de ce genre.

Bien que la glossolalie soit loin d'être un fait récent, on ne sait toujours pas comment l'expliquer. Vient-elle du subconscient ? Un saint qui prétend parler « la langue des anges » tire-t-il simplement mieux parti de la capacité d'invention que nous possédons tous ? Un médium parlant une langue qu'en principe il ne connaît pas se rappelle-t-il de paroles entendues , en fait, pendant sa vie mais oubliées au niveau conscient ? La glossolalie est-elle une sorte de transmission de pensée, le glossolaliste ayant la capacité de lire dans l'esprit de l'étranger dont il parle la langue ?

L'état actuel des recherches ne permet pas de trancher. Quant aux explications traditionnelles, elles sont d'un tout autre ordre : croire que la glossolalie est inspirée par Dieu ou par un esprit exige la foi et ne relève plus du domaine de la science.

Le fait de s'exprimer dans des langues inconnues, que ce soit dans le langage des esprits, des ancêtres, des dieux ou des animaux totems, est encore pratiqué par les chamans et par les sorciers de tribus primitives dans le monde entier. C'est en fait la technique de communication surnaturelle la plus répandue.

A une certaine époque, on exorcisait - on les exécutait même - les chrétiens qui se mettaient à parler des langues inconnues, preuve de leur « commerce avec le diable ». 

Mais les saints qui avaient le même don n'étaient pas inquiétés, car leur sainteté suffisait à les protéger. Saint Pachomius, un abbé égyptien, prétendait parler aux anges, usant d'un alphabet mystique qu'on ne pouvait comprendre qu'en état de grâce. Hildegarde, sainte allemande (1098-1179), parlait et utilisait aussi un alphabet et une langue inconnues, qu'elle traduisit en allemand. On en a gardé des spécimens qui furent plus tard analysés et publiés : c'était un mélange d'allemand, de latin et de mauvais hébreu.

Quand les sœurs ursulines de Loudun (1632-1634) furent envoûtées par leur curé, Urbain Grandier, elles se mirent à parler des langues inconnues, où l'on reconnut des éléments de latin, de grec, d'espagnol, d'italien, de turc et même de dialecte amérindien. L'hystérie des religieuses ne fait aucun doute et résultait probablement d'une grande frustration sexuelle

La glossolalie devint fréquente après la Réforme, bien que ni Luther ni Calvin n'y fussent favorables. A la même époque des événements extraordinaires se produisirent parmi les camisards, protestants français des Cévennes. En 1685, quand on leur interdit de pratiquer leur culte et qu'on essaya de leur imposer la foi catholique, ils se révoltèrent. Trois mille camisards résistèrent aux soixante mille soldats du roi jusqu'en 1705. La tension terrible qu'entraînait cette guerre d'embuscades et la crainte des représailles atroces que leur faisaient subir les soldats du roi quand ils les faisaient prisonniers donnèrent lieu à toute une série de phénomènes paranormaux, dont des cas de glossolalie. Des centaines de « petits prophètes des Cévennes », des enfants de tout âge, faisaient de longs sermons en excellent français, langue qui leur était pourtant totalement étrangère.

Ann Lee fut confrontée à quatre pasteurs anglicans érudits, elle leur parla en plus de soixante-douze langues. Impressionnés par tant de savoir, ils demandèrent qu'elle soit laissée en paix. Mais les persécutions continuant, elle émigra en Amérique et fonda la secte des Shakers

Chez les mormons, le fondateur Joseph Smith (1805-1844), croyait à la glossolalie et en a fait un article le la foi mormone. De nos jours, les mormons reconnaissent l'existence de la glossolalie, mais le lui accordent qu'une valeur spirituelle limitée et n'y sont guère favorables. 

A partir de 1830, pas une année ne se passa sans qu'un cas de glossolalie ne fût signalé quelque part dans une église chrétienne. En Scandinavie, on assista à toute une série de comportements hystériques pendant le culte, dont beaucoup de cas de glossolalie. Vers 1850, l' église orthodoxe russe connut de nombreux cas de glossolalie. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, les mêmes phénomènes étaient fréquents dans les mouvements charismatiques, que ce soit en Caroline du Nord ou en Estonie. Il y en eut aussi beaucoup dans les campagnes évangéliques conduites par les Américains Dwight L. Moody et Ira D. Sankey. 

Cette vogue mondiale de la glossolalie influença les étudiants du Bethel Bible Collège, à Topeka, dans le Kansas. Quarante d'entre-eux décidèrent que « le baptême par le Saint-Esprit » était « quelque chose qui manquait » à leur expérience religieuse. Le 31 décembre 1900, leur pasteur, C.F. Parham, se trouva en présence d'un étudiant qui lui adressa un flot de paroles inintelligibles. Trente autres cas similaires se produisirent dans les jours qui suivirent. Ainsi naquit le Pentecôtisme moderne. Les missions de Parham devinrent très vite populaires. On assista à nombre de guérisons, de conversions et de cas de glossolalie. Lors d'une manifestation pentecôtiste organisée par un étudiant de Parham à Los Angeles, un Anglo-Norvégien, T.B. Barrât, se convertit et devint « l'apôtre pentecôtiste de l'Europe. Le mouvement pentecôtiste fit beaucoup parler de lui entre les deux guerres. 

En Amérique, Aimée Semple McPherson fonda l'International Church of the Foursquare Gospel (l'Église internationale du véritable Évangile. Elle fit construire à Hollywood un temple, dont la splendeur égalait celle des autres villas de cette capitale du cinéma. On y représentait des scènes de l'Évangile avec tout le décor voulu, et la beauté des chœurs d'anges était célèbre... 

En Angleterre, de 1926 à 1939, les membres de l'Elim Foursquare Gospel (Véritable Évangile Elim) de George Jeffreys occupèrent les salles de l'Albert Hall pendant la semaine pascale. De nos jours, les Assemblées de Dieu, le plus important des groupes pentecôtistes, ont des congrégations dans presque tous les pays où existent des communautés chrétiennes. Pour les pentecôtistes d'aujourd'hui (ils sont à peu près 20 millions), la glossolalie n'est plus aussi importante. Ils n'en nient cependant pas la réalité et la considèrent comme la preuve de l'existence du Saint-Esprit dans le monde.

La glossolalie se produit aussi dans d'autres contextes chrétiens. Le Vendredi saint de l'année 1926, un médium chrétien qui vivait en Bavière vit apparaître des stigmates sur son corps. Elle semblait revivre la passion du Christ. Dans les phrases qu'elle prononça en araméen, on reconnut plusieurs parôles que le Christ aurait murmurées sur la croix. Elle utilisait des expressions familières qu'on ne trouve pas dans l'araméen écrit, et sa prononciation était correcte. Certains pensent qu'elle était en communication avec un témoin de la crucifixion. Cette communication avec une personne morte depuis longtemps nous amène au spiritisme. De fréquents cas de glossolalie se manifestèrent pendant les séances spirites, très en vogue au siècle dernier. Certains médiums affirmaient que les esprits leur parlaient dans des langues inconnues, compréhensibles seulement pour celui à qui s'adressait le message. Parfois, aucun membre de l'assistance ne comprenait ce qui se disait, et il fallait faire appel à un linguiste pour identifier la langue. Dans d'autres cas, l'esprit parlait directement, il se passait de l'intermédiaire du médium et les paroles semblaient venir de nulle part. D'autres médiums entendaient des voix, dans des langues qu'ils ne comprenaient pas. Ils essayaient alors de les transmettre de leur mieux.

 

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