N'est pas mort ce qui à jamais dort ...

Lady X ( la femme inconnue )

9 Janvier 2012 , Rédigé par Kthullu Publié dans #Serial Killer

Une histoire de tueur en série actuelle, et toujours en cours. La police, de Las Vegas, puis le FBI se sont cassés les dents sur cette série de meurtres sans liens apparents. En désespoir de cause, et sans suspect identifiés, ils ont baptisé ce tueur Lady X. 
Car il apparaît qu’en fait c’est une femme. 


Le 4 août 2007

Clayton Thomas rentre chez lui vers 22 h30. Nous sommes vendredi, et il entend bien profiter de son week-end paisiblement chez lui, après une semaine de labeur en tant qu’expert-comptable du casino Golden Palace. Il a bu un verre ou deux dans un bar sur le chemin du retour. Thomas a 51 ans, est divorcé, et passe un week-end sur deux chez lui à regarder les matches de base-ball et de football américain. Les autres fins de semaine, il emmène son fils de 15 ans en balade autour de Las Vegas, en camping ou parties de chasses. 


Sa femme de ménage hispanique, Rosa Mendez, le retrouvera allongé sur le tapis du salon, raide mort le lundi matin. La police lance son enquête en débutant par le voisinage. 
Personne n’a rien vu, rien entendu. Son Ford Explorer est dans le garage à porte automatique, les clés sont sur le contact. Sa maison cossue a été soigneusement fouillée, son portefeuille est sur la table, apparemment il ne manque que le liquide et ses cartes de crédit. La police ne retrouvera aucune empreinte digitale, uniquement des traces de pas, de deux personnes. Aucune effraction n’est constatée. Il a été tué d’une balle de calibre 38 en pleine tête. L’enquête se dirige tour à tour vers son ex-femme et au Golden Palace casino. Sa position d’expert-comptable de l’établissement éveille des soupçons. Mais tant du côté familial, que professionnel, aucune piste ne ressort.

Le laboratoire scientifique de la police révèle que la balle tirée vient de la propre arme de Thomas, qui a disparu. Les policiers penchent pour un vol de toxicomanes, mais restent surpris par le soin de la fouille de la maison et se demandent toujours comment les agresseurs sont entrés. 

L’investigation retrace la route de Clayton ce vendredi soir. Il a quitté le casino à 19 heures, seul. Il a acheté des vivres dans un drugstore, puis est allé boire quelques verres, trois d’après le barman, au Flamingo Bar, sur Fremantle boulevard. 


Ce bar est bondé, surtout le vendredi et personne n’a prêté attention à ce grand Noir en costume. Une vendeuse de cigarettes se souvient l’avoir vu discuter avec une jeune femme, sans plus, mais ne sait pas s’il est reparti avec. Les recherches restent vaines, jusqu’à ce que la banque de Thomas signale que ses cartes ont été utilisées à un distributeur de billets dans la nuit de vendredi à samedi. La vidéo montre un homme coiffé d’un Stetson avec des lunettes de soleil, (la nuit c'est louche ! A part pour Horacio kane mais bon) retirant du liquide avec une de ses cartes. Une femme lui succède avec sa seconde carte. Elle semble menue, avec des cheveux longs châtains clair, revêtue d’un imperméable et coiffée d’une casquette. Elle aussi porte des lunettes fumées. Impossible d’identifier les deux suspects qui se cachent manifestement de la caméra. Rosa Mendez dira par la suite que son patron ramenait quelquefois des femmes le vendredi soir.


Impossible également d’isoler des empreintes sur les centaines relevées sur le distributeur.


Le mercredi suivant

Les tueurs peuvent être déjà loin. L’affaire reste en suspens avant son classement. 
Quelle n’est pas la surprise du LVPD quand ils retrouvent un mois plus tard, un homme tué d’une balle dans la tête dans une maisonnette isolée et calcinée, de la périphérie de Las Vegas. La surprise vient du fait que la balle vient du revolver de Thomas ! Là encore les voisins assez lointains n’ont rien vu, si ce n’est l’incendie et ont appelé les pompiers. 
L’homme vivait seul, une femme venait de temps à autre lui rendre visite à moto. Il se nommait John Lee Calderon et vivait de petites rapines. Le laboratoire scientifique établira avec certitude que la balle vient de la même arme de Clayton Thomas, et que la victime est vraisemblablement l’homme du distributeur. Un portrait robot très vague de la femme est diffusé en vain. La presse régionale relaie l’information. Les mois passent.

Le 15 novembre 2007

Reginald Mac Kenzie, retraité de 52 ans vivant de ses rentes, est retrouvé mort dans les mêmes conditions à Phoenix dans l’Arizona. Le lien est fait, car la balle mortelle vient également de la même arme. La maison au milieu d’un parc a été ratissée, le coffre fort est retrouvé béant. La tueuse a certainement contraint sa victime à l’ouvrir sous la menace de son revolver, puis l’a abattu. Mac Kenzie, célibataire endurci avait pour habitude de ramener régulièrement des conquêtes chez lui, et le voisinage n’y prêtait plus attention. Son véhicule sera bien sur examiné, mais seules ses empreintes sont visibles.

 
Aucune trace non plus dans la villa. Le FBI est saisi de l’enquête. Jusque là les policiers pensaient à une héroïnomane prête à tout pour se procurer de l’argent. L’inspectrice chef Caroline Gibbons est promue responsable de l’affaire. En tant que femme d’une part pour mieux cerner les motivations de la tueuse, et eu égard à ses états de service d’autre part. 

 

30 novembre 2007.

Elle rassemble les éléments des meurtres de Thomas, Calderon et Mac Kenzie. 
Son équipe est en train de dresser un profil de la meurtrière, lorsqu’elle apprend qu’un corps avec une balle dans le crâne a été retrouvé à Tucson, toujours dans l’Arizona.


Même scénario, un homme seul, Dennis Farlane, commerçant, est découvert gisant dans son sang dans le séjour de sa demeure. La balle provient de l’arme de Clayton Thomas La presse s’affole et affole l’opinion publique. Un appel à témoins est diffusé sur les télévisions locales. Une barmaid du South West Pub signale avoir vu Farlane quitter le bar en compagnie d’une femme à lunettes fumées, cheveux mi-longs bouclés blonds. 
La police pense que la tueuse se dirige vers le Mexique, les aéroports, gares et motels ainsi que les postes frontières sont systématiquement contrôlés. Un travail de fourmi gigantesque est mis en place. Mais une fois encore, le crime a eu lieu un vendredi soir et est découvert le lundi matin.


Le profil de la tueuse se précise. Une femme jeune guette sa proie, la vampe dans un bar, rentre avec la victime et l’abat presque immédiatement. Elle ne prend que l’argent et a grand soin de ne laisser aucune trace. Les traces de pas relevées à chaque homicide sont chaque fois différentes mais de la même taille.
Andrew Peterson journaliste au Las Vegas Tribune a poursuivi l’enquête dans la capitale du jeu. A force de recherches, il a découvert une bande vidéo d’un snack-bar où l’on voit furtivement Calderon en compagnie d’une femme emmitouflée, portant des lunettes noires et un chapeau d’où s’échappent des tresses brunes. La vidéo date de la veille de la mort de Calderon. Caroline Gibbons et son staff du FBI arrivent à la conclusion que Lady X est entrée avec Thomas chez lui dans sa voiture, qu’elle l’a tué arrivée dans le salon après avoir trouvé son arme. Peut-être pendant que Thomas était occupé, et a ouvert la porte à son complice. Puis les deux compères ont du se disputer et Lady X a décidé de supprimer ce témoin gênant. Prenant du galon, elle a ensuite mis au point son manège afin de dénicher de nouvelles victimes.


La plupart des tueurs en série suivent le même schéma et sont motivés par diverses perversions, sexuelles chez Ted Bundy, pédophiles comme Arthur Bishop, ou par désir de reconnaissance, tel le tueur du Zodiaque toujours non identifié à ce jour.


Mais là, Gibbons a un gros souci. D’abord l’assassin est une femme, manifestement intelligente, et motivée uniquement par l’argent. Qui prépare ses coups avec la même minutie qu’elle met à fouiller les maisons. Il est évident qu’elle porte à chaque fois une perruque différente et qu’elle se débarrasse de ses chaussures et effets voyants après chaque forfait.

 

2008 -2010


2008 débute sans qu’aucune piste sérieuse ne soit mise à jour. Ce n’est qu’en juin de cette année que resurgit …Andrew Peterson !

Celui ci s’est passionné pour l’affaire, certains disent même qu’il est à l’origine du surnom Lady X. Parallèlement au FBI, il a cumulé toutes les données possibles et a usé de son réseau dans la presse pour alerter ses correspondants dans tout le pays. Ces derniers lui envoient toutes les dépêches relatives à des meurtres plus ou moins semblables. Tant et si bien qu’un collègue lui rapporte la mort d’un homme fraîchement divorcé de 48 ans à…la Nouvelle Orléans, en Louisiane. Il a été retrouvé avec son P38 à la main, avec une balle dans la tempe.
Après une enquête succincte, la police locale a conclu à un suicide du au chagrin de sa séparation. Mais le collègue journaliste de Peterson a fouiné dans son coin et découvert que Benito Gonzales (le trépassé) avait rencontré récemment une jeune femme. Peterson donne l’information à Gibbons, qui en guise de remerciement le met en garde à vue et l’interroge copieusement ! Le FBI est jaloux de ses prérogatives. Néanmoins l’enquête est rouverte et révèle que le revolver de Gonzales a bien servi, mais que la balle qui l’a tué vient de l’arme de Clayton Thomas ! On ne retrouvera jamais la balle issue de l’arme de Gonzales.

Il semble qu’il gardait toujours une bonne somme en liquide chez lui qui n’a pas été retrouvée après vérification. Lady X est toujours aux Etats-Unis ! Aucune empreinte, pas de trace si ce n’est des marques de talon aiguille dans la moquette.


Des cas similaires et attribués à la même tueuse en raison des balles retrouvées seront découverts à Nashville en Octobre 2008, à Indianapolis en janvier 2009 et dans la banlieue de Chicago en mars 2010. La police a mis une veilleuse sur l’affaire pour ne pas subir les foudres de la population, mais Peterson et ses collègues suivent Lady X à la trace, si l’on peut dire.
Les familles des victimes se sont regroupées et ont offert 500 000 dolars de récompense pour la capture de la tueuse mystérieuse. Suite à cette annonce, des dizaines, voire des centaines de jeunes femmes seront interpellées dans tous les états de l'union, souvent sur dénonciations. Mais aucune ne sera inquiétée.
Huit meurtres avérés sont l’œuvre de Lady X à ce jour, autant que les informations disponibles puissent le laisser penser. Peterson croit qu’il y en a eu plus et que le FBI couvre l’enquête d’une chape de plomb. La question est de savoir de combien de balles elle dispose venant des munitions de Clayton Thomas afin de continuer à la pister. 

De nos jours


Si vous allez aux USA, méfiez vous si une jeune femme avec des lunettes fumées vous aborde dans un bar un vendredi soir !

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